Livre VIII.
Prologue
L'apologue me plaît. Je ne sais quel penchant
Vers ce genre naïf me ramène sans cesse.
D'Ésope toutefois j'avais quitté le champ
Pour briguer les faveurs d'une altière déesse;
Mais comment pénétrer, parmi tant de rivaux,
Dans le palais de Melpomène?
En vain du noble fils d'Alcmène
J'avais peint la jeunesse et chanté les travaux;
En vain mon œuvre poétique
Avait su trouver grace aux yeux de la critique.
Pour combattre l'envie et dompter ses serpents,
Je n'avais point d'Alcide emprunté la massue.
J'ai vu leurs efforts triomphants,
Et mon espérance déçue.
Vous, mes autres enfants, ô combien je vous plains!
Oui, Mahomet, Gustave, et toi, chaste Diane,
Et vous, Amants napolitains,
C'en est fait, la cabale à l'oubli vous condamne.
Lorsque Alcide, malgré ses droits,
Dans sa lutte avec elle a succombé deux fois,
Qui vous protègerait contre la même ligue?
Votre père, jaloux de vivre en liberté,
A beaucoup de candeur mêle un peu de fierté;
Il hait la flatterie, il déteste l'intrigue.
Adieu donc, mes enfants, puisqu'il n'est plus d'espoir
Adieu donc aussi, Melpomène!
D'un volontaire exd je me fais un devoir;
Pour jamais je renonce aux honneurs de la scène.
Qu'entends-je? on m'appelle: écoutons....
Ah! c'est la voix d'Ésope; il fut mon premier maître;
Ses acteurs ont leur prix, si je sais m'y connaître,
Et je retourne à mes moutons.
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